L'auteur 6k4p4a
Partie biographique 473m4c
Né le 23 janvier 1987 dans la Préfecture d'Ishikawa au Japon, Hitoshi Iwaaki, qui lui a mis une claque. Cet éclectisme, il dit qu’il le doit à son frère, qui achetait beaucoup de mangas de styles différents et à qui il en empruntait. 4u3j50
Photo de l'auteur prise par nos soins lors de sa venue au FIBD d'Angoulême en 2018.
Au lycée, comme les compliments continuaient d'arriver quand il faisait des dessins et qu’il était traité un petit peu différemment des autres élèves sur ce point, il a réellement commencé à vouloir devenir auteur de manga professionnel. Si bien qu’il a commencé à suivre une formation artistique dès ses années lycéennes.
Sont ensuite venues les années universitaire. Keigo Shinzo est un ancien élève de l'école des Beaux-Arts de l'Université Zokei de Tokyo, d’où il est sorti diplômé, et dans laquelle il a principalement étudié l’Art Contemporain à travers la peinture à l’huile pendant quatre années, mais en s’intéressant aussi à la sculpture, au design et à d’autres choses. Initialement adepte d’un style de dessin assez libre et un peu brut, il a, au fil de ces années d’études, également développé un goût pour des artistes au style plus réaliste, en tête desquels Makoto Aida, un artiste polyvalent qui est considéré au Japon comme l'une des figures proéminentes de l'art contemporain, et que l’on connaît en pour le très provocant manga Mutant Hanako (paru chez Le Lézard Noir en 2005).
Sa quatrième année universitaire fut un moment décisif. Alors qu’il fallait s’activer pour trouver un travail, il s’est posé quelques conditions : se faire accepter chez un éditeur avant la fin de l’année, ou changer ses plans de carrière s’il n’y parvenait pas. A force de er différents concours de jeunes talents organisés par des maisons d’édition, il a fini par gagner le prix « Spirits » des éditions Shôgakukan en 2008 avec une histoire courte nommée « Nankin », une histoire à laquelle il avoue pourtant ne pas être spécialement attaché. En réalité, à cette époque Keigo Shinzo avait beaucoup plus d’intérêt pour le prix « Shiki » du magazine Afternoon des éditions Kôdansha, qu’il visait vraiment, et pour lequel il a présenté plusieurs fois des histoires courtes, sans succès. C'est un ami qui lui a ensuite conseillé de plutôt postuler pour le prix « Spirits », qui ne représentait alors pas grand-chose à ses yeux, si bien qu’il y a participé en se tourmentant moins et en écrivant de façon plus libre et détachée. Ce qui, selon lui, a joué dans son obtention du prix.
Mais pour resituer les choses plus précisément, il y a encore certains éléments à dire sur cette époque de participation à des concours. Originellement, Keigo Shinzo a d’abord présenté son histoire « Taifû No Hi » alias « Le Jour du Typhon », celle-là même qui donne son nom au recueil dont il est question dans ce dossier, et cette histoire a été sélectionnée par le magazine Spirits de Shogakukan. Ensuite, on l'a fait travailler avec un responsable éditorial pour concevoir sa première histoire professionnelle, « Nankin ». C'est cette histoire qui a remporté le prix, mais ce n'est pas comme un concours d'amateurs où c'est l'histoire amatrice qui gagne (sinon il aurait gagné avec « Le Jour du Typhon »). Ici, il a gagné avec une histoire déjà conçue pour le milieu professionnel. Et s’il était heureux de décrocher ce prix, cela lui a aussi fait prendre conscience que toutes ses précédentes histoires qui avaient été rejetées, il les avait écrites un peu pour lui uniquement. Il voulait montrer de quoi il était capable sur le plan technique, souhaitait sans doute un peu trop plaire aussi au lectorat en recherche de choses originales, et du coup il ne se souciait pas du tout de la réception des lecteurs plus « grand public », de savoir si c'était accessible ou bien écrit.
Aujourd’hui, Keigo Shinzo se dit surtout influencé par des auteurs au style moins conventionnel et qu’il connaît depuis l’adolescence, comme Taiyou Matsumoto pour qui il a une grande iration. C’est à partir de son année de seconde qu’il a commencé à lire du Matsumoto, en étant en premier lieu impressionné par sa manière de dessiner à main levée, de façon très vive, spontanée et libre. Keigo Shinzo déclare également aimer chez Taiyou Matsumoto ses personnages qui ne ressemblent pas à des personnages de manga typiques, l’absence de lignes de vitesse et de codes de manga classiques. A l’époque, ça a bousculé sa vision du manga qui était jusque-là plus étriquée, il s’est aperçu que le manga offrait réellement un vaste champ de possibilités. Il pense également avoir été pas mal influencé par la manière qu’a Matsumoto de proposer souvent en héros deux personnages à la fois complémentaires et opposés, comme dans Amer Béton. Et ce concept de binôme, nous le verrons plus tard, est précisément quelque chose qui parsème quasiment tous les mangas de Shinzo. Pour finir sur ce paragraphe, notons enfin qu’à une époque Keigo Shinzo a eu le même responsable éditorial que Taiyô Matsumoto chez Shogakukan, ce qui a en quelque sorte bouclé la boucle.
Pour rester sur les relations entre mangakas, il est également notable que Keigo Shinzo est assez proche d’Bonne nuit Punpun et, comme beaucoup de monde, s’est pris une claque. Il a alors décidé de s'intéresser plus en détails à la manière qu’a Asano de dessiner, et a constaté qu’il était dans l'erreur : loin de l’image qu’il s‘en faisait d’un auteur se contentant de retoucher quelques photos rapidement, il a remarqué tout le travail de retouches manuelles, de nombreuses trouvailles, plein d'efforts de sa part même s'il se base sur des photos. Keigo Shinzo a alors compris qu'Inio Asano travaillait énormément et qu'il y mettait toute son énergie, et ça l'a impressionné. Aujourd’hui, Asano reste une très bonne relation de Shinzo, tous deux s’étant déjà invités plusieurs fois pour boire des coups, manger ou jouer à des jeux vidéo.
Affiche de la rencontre croisée entre Keigo Shinzo, Taiyou Matsumoto et Inio Asano.
Pour finir, on peut également signaler que Keigo Shinzo a dû brièvement mettre sa carrière en pause en 2020 pour se faire opérer d’un lymphome, qu’il est marié à la mangaka Natsuko Taniguchi (malheureusement toujours inédite en malgré quelques prix remportés au Japon), qu’il aime faire attention à son image, et qu’il est présent sur Instagram, Pixiv et Twitter.
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Partie bibliographique, basée sur la chronologie des volumes brochés 33666d
2010 : L'auto-école du collège Moriyama.
L’histoire : ce manga évoque les déboires d'un jeune homme apathique qui s'éveille aux autres grâce aux marginaux qui fréquentent une auto-école non-homologuée.
2012 : Le Jour du Typhon, le recueil faisant l’objet de ce dossier.
2012 : Summer of Lave.
L’histoire : Une éruption volcanique transforme une paisible bourgade en station thermale envahie de touristes. Ce bouleversement provoque l’éloignement de deux amis, avant inséparables. Peut-on être en colère quand tous les désirs semblent comblés ? La joie est-elle sincère quand la fête et le bonheur deviennent des enjeux marchands ?
2013-2014 : Midori no Hoshi (みどりの星), série en 4 volumes, initialement prépubliée au Japon dans le magazine Big Comic Spirits de Shogakukan, et unique série du mangaka à rester inédite en à ce jour.
L’histoire : Takaichi, pilote d'un cargo spatial, et un homme de la compagnie Yamamoto s'écrasent sur une planète avec deux soleils qui est habitée par des extraterrestres ressemblant à des grenouilles. Takaichi est doué pour prendre les choses en main et s'entend rapidement avec les extraterrestres. Cependant, il découvre qu'à part les grenouilles, il y a des habitants qui ressemblent à des humains, et il part à leur recherche. C’est ainsi que son malheur et son amour commencent.
2015-2017 : Tokyo Alien Bros..
L’histoire : ce manga raconte les péripéties de deux extraterrestres envoyés sur Terre afin de déterminer si leur race pourrait s'y installer. Prenant la forme de deux étudiants baptisés Fuyunosuke et Natsutarô, ils posent un regard candide sur leur quotidien et tentent de dialoguer avec les autochtones avec un talent aussi fortuit que certain pour faire naître les quiproquos. Transportés dans l’urbanisme hybride et chaotique de Tokyo, nos héros s’efforcent de percer les mystères de la vie et de l’humanité. Les corps des héros sont plutôt délicats, et le moindre accident menace de les défigurer ou de les estropier temporairement, sans parler des effets spectaculaires de certains aliments sur leurs capacités physiques. Quelles conclusions ces visiteurs de l'espace vont-ils tirer de leurs observations, et comment parviendront-ils à préserver leur couverture ?
2016 : Holiday Junction.
Présentation : En sept récits courts, l'auteur de Tokyo Alien Bros raconte des tranches de vie plus ou moins mouvementées : deux amis jouant au tennis, un chat et son maître, une jeune fille et un retraité à la pêche, un couple surpris par le age de Godzilla... Autant de rencontres remuant les désirs parfois inavoués, souvent confus, des uns et des autres.
2018-2020 : Mauvaise Herbe.
L’histoire : Au cours d'une descente de police dans une maison close miteuse maquillée en salon de massage, le lieutenant Yamada rencontre Shiori, une lycéenne fugueuse qui lui rappelle sa propre fille aujourd'hui décédée. À peine raccompagnée chez elle par la police, Shiori disparaît de nouveau, fuyant les coups de sa mère abusive. Yamada part à sa recherche, mais la jeune fille désemparée trouve refuge chez un inconnu à la bienveillance plus qu'équivoque.
2021-? : Hirayasumi.
L’histoire : Hiroto Ikuta, 29 ans, est employé à mi-temps insouciant et célibataire. Il vit son existence paisiblement, sans se soucier du lendemain dans une petite maison de plain-pied dont il a hérité (Hirayasumi-flathouse Life) d'une vielle voisine. Lorsque Natsumi, sa cousine de 18 ans étudiante en art à Tokyo vient vivre chez lui, Hiroto va apprendre à côtoyer des individus bien plus tourmentés que lui et qui vont lui rendre la vie difficile.
2022 : Sentimental Muhannou (センチメンタル無反応), recueil de 8 histoires courtes initialement prépubliées dans divers magazines de Shogakukan entre 2017 et 2021, et pour le moment inédit en .
On y trouve notamment un chapitre bonus exclusif de Tokyo Alien Bros., une histoire dédiée à Taiyou Matsumoto, et une histoire où Keigo Shinzo revient indirectement sur son lymphome.